Hop-là.
Ça commence à sentir le vieil enclos froid ici.
Bon, ouvrons les volets, changeons la litière poussiéreuse contre une belle couche de foin propre, et virons les toiles d'araignées qui encombrent le plafond de ma bergerie.
Et dissertons, le coude sur la cheminée, de l'expérience.
L'homme d'expérience sait.
Il sait, par exemple, qu'il est impossible de dormir dans un train de nuit, quand on y choisit l'option "siège inclinable trop pas cher huhu".
L'homme d'expérience sait aussi qu'il n'y a rien à faire à la gare de Chambéry entre 5h et 6h30 du matin. Tout est fermé, et le banc n'est pas d'un confort suffisant pour s'y reposer. Donc dans sa grande sagesse, il choisira plutôt un train direct, pour éviter ce genre de changements absurdes.
Ses facultés d'organisations lui éviteront d'arriver fracassé à Modane au petit matin.
L'homme d'expérience a connaissance de la physiologie humaine.
Il sait que pour monter abruptement 2000m de dénivelés et passer un col à 3000, il faut avoir déjeuné un minimum. Et pas se contenter de tenir sur le dernier repas de la veille.
Sinon, il morfle.
Grave.
L'homme d'expérience connait la traitrise des plaques de glace en face nord, à la descente du col.
Il ne se laisse pas surprendre, il sort son piolet au lieu de glisser sur le cul de manière plus qu'hasardeuse dans les pentes abruptes, au risque que ledit piolet accroché au sac ne se coince inconsidérément dans la première caillasse venue au moment où il arrivait juste à se remettre debout, manquant par là-même de l'empaler il s'en est fallu d'un poil la sacré putain de sa mère la pute*.
*Oui, la communion avec avec les sommets de Mere Nature rend parfois grossier.
Dans sa Grande Sapience, il n'ignore point que la nuit tombe vite fin octobre, et que les montagnes s'enflammant dans le lointain, c'est bien joli, mais que ça annonce la nuit et une belle chute des températures.
En conséquence, il part à la recherche d'un coin de bivouac tout de suite, au lieu de continuer à faire l'andouille dans les rochers du Rateau d'Aussois.
Ainsi il ne termine pas son périple transit à la lueur défaillante de la frontale dont il n'a pas vérifié les piles avant de partir.
L'homme d'expérience, randonneur aguerri, sait que pour passer une bonne nuit à la belle étoile en montagne, il doit s'être copieusement sustenté d'un plat bien chaud et consistant le soir. Surtout s'il n'a ni déjeuné, ni dormi depuis 36h.
De fait, il ne s'endormira pas en laissant sa purée lyophilisée se figer lentemement dans son bol, arguant que "pff, crevé, dodo, plus faim et pis t'façon ma loupiote est morte, j'y vois comme à travers le trou du cul d'une pelle".
L'homme d'expérience, plein de bon sens, se couvrira les jambes d'un pull supplémentaire, lorsqu'il se réveillera les pieds glacés à 1, 2, 3, 4, 5 et 6h du matin.
Il ne le laissera pas bêtement dans son sac.
Il n'arrive jamais à l'homme d'expérience de devoir décongeler le contenu de sa poche à eau au réveil, car il a eu le discernement de l'isoler avant de se coucher. En conséquence, le randonneur aguerri, contrairement au blaireau, déjeune d'un grand bol de chocolat chaud.
Pas du bloc de purée congelé de la veille au soir, à casser à coup de piolet.
Lorsqu'il est en montagne, le randonneur s'arrête pour observer la faune.
Le cas où c'est la faune qui s'approche pour observer le randonneur ronflant sur un rocher depuis deux bonnes heures est extrêmement rare...
(Là il s'agit manifestement d'une femelle, elle a un collier et des boucles d'oreilles)
Bon, sachant que j'ai scrupuleusement enchainé TOUTES les erreurs listées ci-dessus lors de mon dernier crapahut, je crois que je vais définitivement laisser tomber la randonnée.
Pour me consacrer au tricot de plage sur scrabble.
Vous avais-je dit que j'étais retourné en Vanoise en juin dernier ?
Non ?
Je suis impardonnable.
Cette fois-ci, j'avais un plan : faire l'andouille dans deux via ferrata, situées de part et d'autre du Parc National de la Vanoise. Et relier les deux à pied, bien entendu. Et en évitant de redescendre sous les 2000m, parce que bon, autant en profiter à fond.
Qu'en dire sinon que c'était merveilleux ?
Le problème de ce genre d'escapade, c'est que c'est éminemment dangereux.
Non point que le baguenaudage alpin en hermite soit particulièrement périlleux. Rien à redire non plus sur la pratique de la via ferrata en solo.
Non, le danger vient des rencontres terrifiantes qu'on y fait.
Phase 1 : Coucou !
Phase 2 : Mais qui c'est ? Viens me voir !
Phase 3 : Snif snif snif...
Phase 4 : Mais oui, Marmottine, c'est bien moi !
Phase 5 : Hé mais ! Oulà, ho mais... non mais... aïeu ?!
Phase 666 : HAAAAAAAAA !!!!
Chers vous tous,
Je vous avais promis une histoire de passoire ; voici.
Les passoires, c'est important.
Je ne conçois même pas qu'on puisse parler d'autre chose.
T'façons, ça fait des mois qu'il ne se passe absolument plus rien dans le monde, au point que je me demande comment les journalistes arrivent à farcir leurs canards (alors qu'un canard, ça se laque, c'est bien connu).
Alors, oui, peut être ais-je vaguement entendu parler d'un vague scandale nucléaire dans une centrale sexuelle au Japon, et d'une bactérie révolutionnaire Grecque provoquant de vagues troubles en Orient. Mais franchement, de là à parler d'"information" ?
Bref, passons, et revenons-en à, donc, ma passoire, justement.
A la maison, nous avons une passoire en plastique bleu.
Pour ceux qui n'en auraient jamais vu, il s'agit d'un ustensile en forme de casque qu'on peut se mettre sur la tête pour faire l'andouille, mais nous servant paradoxalement plus souvent à égoutter les nouilles (alors que c'est beaucoup moins ludique).
Cet ustensile remplissait parfaitement son office à ce jour.
Or, pour une raison totalement inexplicable, nous avons voulu remplacer icelle par une nouvelle passoire en métal, beaucoup plus classieuse. Que voulez-vous, la bataille sans fin contre l'embourgeoisement galopant est une dure lutte ponctuée d'échecs cuisants.
C'est ainsi qu'un jour funeste de débauche orgiaque (car nous avions aussi acheté un poulet rôti et des courgettes bio), nous ramenâmes fièrement du marché de la ville voisine une remplaçante rutilante, passoire neuve aux courbes généreuses, bombée et pleine de trous prometteurs, toute de chrome vêtue.
Mais à l'intronisation de l'impétrante belle, cruelle déception :
Annonce : Ni les menaces ni la cajoleries ne semblant fonctionner sur cette prétentieuse à ce jour, je cherche un ouvrage de référence sur l'élevage et l'éducation des passoires chromées. Merci.
-
Ah, ça, quand on réclame du sujet de fond, faut pas se plaindre si je remonte un casier de vase !*
* Cette métaphore ne veut absolument rien dire.
P.S. : Bon, n'ayez crainte, je me rattraperai très bientôt en postant de mâââgnifiques photos de marmottes kromeugnonnes.
Bon, donc, 3 jours au vert en Chartreuse fin avril.
Alors la Chartreuse, c'est la nature sauvage :
"Là où il y a une volonté, il y a un chemin", aurait dit Winston Ilitch Tseu.
Ben voyons. Suffit d'avoir des cuissardes.
J'étais en baskets de trail...
La Chartreuse, c'est sauvage, ET grivois :
"Trilobite avec les doigts" (dixit La petite Huguette, air connu)
Ok, je sais, ce n'est pas un gros trilobite, mais une énorme amonite (phaloïde ?)
La Chartreuse, c'est très beau veau :
Gastronomie de nos alpages : le lyoph'
"Bravo le veau !"
La Chartreuse, c'est des chamois dans votre cuisine au petit déj:
Petit déj' sur les genoux de Rousseau.
(Un chamois m'avait piqué mon appareil photo)
La Chartreuse, c'est aussi une liqueur monastique mystique et mythique qui permet aux initiés, donc, de voir des trucs roses :
Si vous aviez la foi, vous pourriez voir la Licorne Rose Invisible en majesté.
Allez chez l’oculiste, bande de mécréants.
La Chartreuse, c'est mimi-néral :
Petits lapiaz cromeugnons s'ébattant dans la montagne.
Et par conséquent un réseau unique de kilomètres de terriers, failles, boyaux, gouffres béants qui ne demandent qu'à happer les chevilles délicates de l'imprudent voyageur. Voire ledit voyageur tout entier. Sales bêtes.
Ce qui est en haut (quand on est en bas) :
"Halt sunt li pui, et li val tenebrus"
(in Chanson de Roland, un gars pas du tout du coin)
Ce qui est en bas (quand on est en haut)
"La mer ! La mer !"
(Xénophon - un gars pas du coin non plus, un peu perdu et pas très observateur)
Ce qui est, euh, bin, là :
"Et sur elle courbé, l'ardent Imperator,
Vit dans ses larges yeux étoilés de points d'or
Toute une mer immense où fuyaient des galères."
(Hérédia, qui n'est jamais passé dans le coin et ne sait donc pas ce qu'il a raté)
En parlant d'yeux étoilés de points d'or :
Après 13 heures de marche à batifoler entre le GR et les lignes de crête, et à se prendre successivement la pluie, le vent, la grêle et des coups de soleil, il faut bien songer à se coucher. De la fenêtre de ma chambre, en bord de falaise, la vue était magnifique...
Bravo le veau 2, le retour :
La vue, c'est bien beau, mais c'est pas ça qui va me remplir l'estomac.
2ème recette typique de nos montagnes : le euh... lyoph'.
Et au petit matin :
... Le loup l'a mangé ! La vue était toujours très flatteuse.
Ma chambre / cuisine / salle à manger :
Quoi, si elle est rangée, ma chambre !
Dites, vous croyez que c'est facile de loger un lit, une cuisinière, un placard ET un You dans 2,2m² ?
Bref, c'était pas mal du tout cette petite traversée Chambéry-Grenoble.
10, 13 et 7 heures de marche, en baguenaudant joyeusement, quittant le GR pour les crêtes, navigant à vue dans les alpages, me roulant à poil dans la neige* là où il en restait... Que du bon.
Vivement la prochaine !
.
.
* Se rouler dans la neige, c'est une tradition, ça ne se discute pas. Et puis y'avait personne, à part des chamois, à poil eux aussi, qui faisaient la même chose.
Bidi-bidip, je suis de retour.
Bientôt ici, des trucs, en particulier une sombre histoire de passoire défectueuse, et des jeux de mots navrants, ni bios, ni éthiques, ni équitables en provenance des sommets la Chartreuse.
Sommets de la Chartreuse d'où j'ai redescendu des tombereaux de zenitude azurée, et une bonne crève.
La Chartreuse verte, il faut la boire voir pour le croire !
Et encore merci à tous pour vos messages qui nous ont beaucoup touchés
Elle aimait les livres, la littérature, Hugo, Zola, que ça remue, qu'il y ait du souffle !
Elle aimait, plaisir coupable, Stephen King et Mary Higgins Clark qu'elle dévorait en anglais jusqu'à des heures indues;
Elle aimait la malice de Colombo, les intrigues des série policières scientifiques diffusées le soir avant le ciné-club;
Elle aimait les films de cape et d'épée, s'amusait des costumes en lamé doré et des choucroutes ridicules des héroïnes romaines de la Metro-Goldwyn-Mayer;
Elle adorait les bijoux, les pendentifs en argent, les turquoises d'Amérique latine, les perles barbares - et surtout les associer pour faire ses propres colliers, toujours absolument magnifiques;
Elle aimait coudre, modifier ses vêtements, marier les étoffes - spécialiste de l'histoire de la mode et du costume elle connaissait la date de création d'une robe rien qu'"au petit nœud au bas du bustier - ça, pas avant 1857, d'ailleurs Emma Bovary en porte au chapitre où...";
Elle aimait transmettre, a aimé enseigner et a laissé une forte impression à bien des élèves; elle adorait communiquer, parler... qu'elle était bavarde - il y avait tant à dire !
Elle aimait se faire des amis, partager, échanger, s'enthousiasmer autour d'une expo ou d'une plaquette de chocolat noir;
Elle collectionnait les sulfures et les petites chouettes, se réjouissait qu'on lui offre une boule dans laquelle des poissons s'ébattaient sous la neige;
Elle adorait les surprises, les ambiances de fête, était sensible à la magie de Noël, magie qu'elle dispensait en fait tout autour d'elle;
Elle aimait l'opérette, Offenbach et la musique irlandaise, Lisa Ekdahl et Césaria Evora, les crooners sirupeux et Jean Ferrat; les longues parties de scrabble au coin du feu...
... Elle aimait, elle aimait - par dessous tout elle aimait l'homme de sa vie, son mari toujours là pour elle, grand pourfendeur d'araignées, compagnon merveilleux et père exceptionnel qui lui a apporté quarante ans de bonheur, et dont elle était éperdument amoureuse...
Et m'a aimé, moi, son fils, comme seule peut aimer une maman comme elle.
Marcelle la Coccinelle, alias La Môman du Blogueur, alias ma maman dans la vraie vie, nous a quitté hier matin.
Notre douleur et notre tristesse à mon père et moi, sont indicibles : sa soudaine absence laisse un vide terrible.
Il y a quelques mois, ne sachant si elle sortirait victorieuse de la bataille qu'elle avait à mener, elle me confia :
"Si ça ne marche pas, et bien tant pis, je ne regrette rien : j'ai aimé ma vie, passionnément, et la vie me l'a bien bien rendu : j'ai été immensément heureuse."
Elle aurait voulu connaitre la suite de l'histoire - puissent son bonheur et sa joie de vivre nous inspirer pour lui écrire une suite qui soit digne d'elle.
Ça lui ferait tant plaisir...
**
*
Et youpi tralala, Glürtenzfeildt ein that Mönstrous Kazette von der Alpages ! Un p'tit bouquetin découvre le monde... et le grand Nawak Universel. Curieux/se? Cliquez sur le mouton
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” – Alors, ces vacances en Islande ?”
” – Oh, sympa…”
Isande, février 2015. Quelque part au nord du Hofsjökull.
Astex, ce poulet, décide de retirer ses skis pour essayer d’avancer.
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