Pendant mes désormais lointaines dernières vacances, poussé de longue date par des amis de confiance et surtout par une jeune femme dont le bon goût infaillible n'est pas à mettre en doute si tu tiens à tes dents, j'ai enfin lu Le Maître et Marguerite, de Boulgakov.
Je n'ai pas été déçu : ce roman diabolico-moscovite n'attendait que ma lecture passionnée et attentive pour me faire plaisir.
Je ne vous déflorerais pas le sujet. Qu'il vous suffise de savoir que c'est très drôle, foutrement inventif, diaboliquement foutraque,
méchamment satyrique et diablement satanique tout à la fois. Mais pas que.
Lisez-le.
J'ai donc plongé mon nez dans l'édition poche de chez Pocket. Pas chère, bien traduite pour autant que je puisse en juger. J'étais loin de m'imaginer qu'il s'agissait aussi d'une édition savante.
Ou devrais-je dire d'une édition bavarde, celle ci etant constellée de renvois inopportuns, et bourbeuse de notes de bas de page.
De par ma longue (dé-)formation littéraire, il m'est quasi impossible de ne pas suivre ce balisage textuel, de même que déambulant dans une cité inconnue je ferais souvent quelques pas supplémentaires pour aller lire une plaque historique apposée sur la façade d'un immeuble intéressant (1).
Bref, quand je vois un petit (²), je plonge tête la première au fond de la page voir de quoi il retourne.
Mais dans cette édition, catastrophe. La première page (Titre, sous-titre, chapeau et une courte phrase d'incipit) comporte déjà trois notes, qui couvrent la moitié du papier.
Au second feuillet, le flot de notes de "bas" de page engloutit les deux tiers de la feuille...
Heureusement cette folie exegèsique se calme par la suite.
Pour en céder à des assauts d'une cuistrerie boursoufflée.
Au rayon "vétilles énervantes" :
Texte : "Au coucher du soleil, deux personnages se tenaient sur la terrasse (...) d'un des plus beaux édifices de Moscou (*) (...)
Note : "(*) Il s'agit de la maison Pachkov construite en 1784-1786 et qui abrita jusqu'en 1925 les collections du musée Roumiantsev. Le bâtiment fait actuellement parti de la bibliothèque Lénine."
... Non mais... on s'en fout ! Boulgakov n'en dit rien, aucun intérêt dans le récit, les personnages n'entrent pas dans ce foutu bâtiment, ils se contentent de dominer Moscou depuis la terrasse, point. C'est quoi cette histoire de musée dont on se contre-paluche (3) ?
Ce genre d'exemple abonde, je vous les passe donc.
Maintenant, beaucoup plus fort.
Page 80 : le nom d'un personnage (4) apparait. "[il] regarda le papier (...) : d'abord, une signature hardie de Trucbidulov (5), et, en marge, de l'écriture penchée du directeur financier Ludwig Trucovski (*) , un bon à tirer (...)"
Note de bas de page : "(*) : L'administrateur financier Ludwig Trukovski porte aussi le prénom d'un compositeur (bla bla bla, on avait remarqué merci) (re-bla bla bla, je passe cinq lignes) (...)[Il] sera victime des thèmes du musicien dont il porte le nom lorsque, par une nuit de Mai, les [créatures terribles et incongrues] monteront à l'assaut de son bureau"
Haaaan, la connasse !
Non seulement la commentatrice (6) a parlé pour ne rien dire, mais en plus elle a dévoilé une scène qui ne se passera pas avant plus d'une centaine de pages ! Et elle a parlé de [créatures terribles et incongrues], alors qu'on n'imagine pas à ce stade du récit que l'histoire puisse basculer à ce point vers l'irrationnel !
Bref, une allusion vague à un personnage, et cette cruche nous dévoile tout sur lui dans son bain de pied de bas de page. Et plombe une future scène.
Super, merci.
Championne du Monde de Cuistrerie, catégorie "Dopage universitaire".
Elle aurait fait ça au cinéma, on l'aurait foutue dehors après lui avoir fait bouffer son siège par le nez.
"Ah, ça c'est la future copine du héros. L'actrice qui joue le rôle a aussi tourné dans un film Moldave il y a 7 ans. Elle se marie avec son frère à la fin du film".
"Demain y'aura mon copain Bidule à la fête. Tu verras il est super sympa. Sa maîtresse de CM2 était bègue et elle adorait le bleu. Il mourra dans trois mois d'une collision avec un orignal"
Non mais franchement, des fois, ya des baffes qui se perdent.
(1) Généralement pour y lire "Ici naquis Marcel Ragouin, président d'honneur du Cercle Municipal des Amis des Arts, 1824-1911".
(²) Non, rien, c'était juste pour l'exemple.
(3) L'ex-Bibliothèque Lénine s'appelle désormais Bibliothèque d’État de Russie (en russe, Российская государственная библиотека ) Elle ne doit pas être confondue avec la Bibliothèque nationale russe, située à Saint-Pétersbourg. Derrière la façade de cet édifice se trouvent plus de 275 kilomètres d'étagères, plus de 42 millions d'objets, dont 17 millions de livres et de tomes de séries, 13 million de journaux, 350 000 enregistrements musicaux, 150 000 cartes et autres. Les médias représentent 247 langues parlées dans le monde, la partie étrangère représentant environ 29% de la collection intégrale.
Devant l'entrée principale du bâtiment se dresse un monument à Fedor Dostoïevski. Ah, là tout de suite on comprend mieux de quoi on parle. Parce qu'"Un des plus beaux édifices de Moscou", ça faisait un peu cheap, sans doute. Merci Machine pour ces précisions vitales. Vous pouvez remonter finir votre lecture.
(4) Personnage dont le nom n'est pas Tatyana Ivanovna Petrovskaia, bien que ce nom eût été crédible. Une recherche Google Image sans filtre sur ce prénom aurait pu orienter Boulgakov vers une vie plus onaniste qu'artistique s'il avait eu Internet et qu'il avait voulu tester les noms de ses personnages afin de voir à quoi pouvaient ressembler leurs avatars vivants. Or il faut rappeler que cette technique littéraire n'était pas de mise parmi les romancier de Russie Soviétique entre les années 30 et 60. Il est d'ailleurs à noter qu'une étude de santé Suisse de 1995 démontre que le taux de foulure du poignet chez les romanciers russes du début du XXe siècle n'est pas corrélée à leur consommation d'hentai, qui par ailleurs n'est pas encore quantifiée à ce jour.
(5) En vrai le nom n'était pas Trucbidulov. Il ne s'agit pas nom (7) plus du personnage sur lequel la note mettra l'emphase. La note concerne le second personnage, comme vous le verrez d'ici quelques mots. Vous pouvez continuer à lire. (Agaçant, non ?)
(6) Je tairai le nom de cette pédante indélicate, bien qu'elle ne le mérite pas.
(7) "Nom plus", hahaha... hum.
Au bureau nous avons une imprimante couleur multifonction.
Cette fabuleuse machine, comme son nom le laisse deviner, fait aussi télécopieur, photocopieuse, scanner, permet de retoucher des photos directement via l'interface de haute technologie de son écran digital un pouce et demi, soigne les écrouelles et, accessoirement, se prend pour une déchiqueteuse dernier cri.
Cette dernière particularité n'entre malheureusement pas dans ses déjà trop nombreuses attributions officielles, attributions dont la multiplicité plonge une partie non négligeable du personnel dans une affliction muette dès qu'il s'agit d'imprimer (Ô tâche illusoire) le moindre document en noir et blanc.
Pensez : sa façade ostentatoire ne comporte pas moins de quarante-sept boutons, dont un multi-directionnel hérissé de flèches peu engageantes.
Bien entendu, le manuel de quatorze-milles sept-cents trente deux pages traduit quinze langues dont le Texto Araméen inversé - manuel volontairement perdu au fond d'une armoire pour préserver la santé mentale de tous, jamais ouvert par un esprit sain depuis la livraison de La Bête - précise qu'elle peut être entièrement pilotée à distance.
Depuis n'importe quel ordinateur relié au réseau.
Hahaha.
Sous réserve d'avoir un post-doctorat de physique nucléaire non euclidienne, option parapsychologie et vaudou appliqué, sans doute.
Bref. Aujourd'hui cette merveille s'est une fois de plus prise pour Déchiquetatorvskaïa, l'héroïne du KGB qui détruisait les documents secrets avant même leur rédaction.
Au grand damn de ma collègue norvégienne (le Golem) : "Le imprimante il pas rendre papier ?!"
Peste. Ni une, ni douze, je me jette hors de mon fier destrier inclinable à roulette, et fonce pourfendre le Dragon. (Non, pas le Golem, l'autre).
Arrachant prestement sa robuste carapace plastique, je plonge dans les entrailles du monstre (je parle toujours de l'imprimante là) et farfouille à l'aveuglette.
Ha ! Un cadavre déchiqueté de feuille à moitié digéré paralyse sa digestion ! D'un mouvement habile quoique totalement vain j'entreprends de débusquer l'infamant feuillet.
Une imprimante comporte d'ordinaire un aréopage de galets de caoutchoucs, dont la compétente et souple organisation assure la progression harmonieuse du papier. Plongeant la main dans la mécanique j'entrepris de les activer d'un doigt ferme et vigoureux.
Aucun résultat.
J'insistais, appuyant plus fermement afin de faire rouler ces putains de galets.
Queud'.
Je finis par forcer comme un bourrin pour libérer cette putain de feuille de ces enfoirés de galets récalcitrants, m'acharnant dessus d'un index rageur.
Et bien vous savez quoi ? Ils étaient garnis de fines aiguilles d'acier.
Plus je poussais, plus ils me lacéraient fourbement l'index.
Ce matin, une imprimante-vampire folle m'a déchiqueté le doigt sans même que je m'en rende compte.
Je suis sûr que j'ai perdu au moins deux litres de sang dans la bataille.
Sinon, la vie, c'est chouette : invité par la femme de ma vie à un extraordinaire concert du saxophoniste de jazz James Carter au New Morning hier soir ; harcelé par trois bébés ornithorynques à la maison - sachant que l'un d'eux restera vivre avec nous ; et j'en passe. Si je savais ronronner on m'entendrait jusqu'aux antipodes !
"Attendu que nous sommes le 3 Juillet,
Attendu que ça arrive globalement une fois par an,
Attendu que le prévenu ne pouvait pas dire qu'il ne s'y attendait pas,
Attendu, enfin, que ça fait trente cinq fois que l'individu récidive, et qu'il ne semble pas avoir l'intention d'arrêter,
La Cour condamne le You des Alpages à un an ferme de plus.
Vous pouvez emmener l'individu vers sa trente-sixième année."
Madame le Juge, intraitable.
"Et cinq qui nous font 35" - le prévenu fanfaronne.
Gâteau de fromagiversaire
Les co-détenus, des durs, des tatoués
En route pour la suite !
Ah, je vous avais pas dit que j'étais retourné transhumer en Vanoise la semaine dernière ? Oups...
Et youpi tralala, Glürtenzfeildt ein that Mönstrous Kazette von der Alpages ! Un p'tit bouquetin découvre le monde... et le grand Nawak Universel. Curieux/se? Cliquez sur le mouton
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” – Alors, ces vacances en Islande ?”
” – Oh, sympa…”
Isande, février 2015. Quelque part au nord du Hofsjökull.
Astex, ce poulet, décide de retirer ses skis pour essayer d’avancer.
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