The Mönstrous Kazette von der Alpages

33°39'29.51"N
76°59'25.89"E
2009:01:30 10:42:34

La météo du jour s'y prêtant, j'ai replongé dans mon journal tenu lors de notre balade sur le Chadar gelé l'an dernier. C'est... saisissant.
Extrait de mes notes, prises d'une graphie congelée dans mon journal de bord :

"Au réveil, grand ciel bleu, grosse caillante.
Avons définitivement adopté l'Echelle de Nives pour suppléer à notre défunt thermomètre [qui a claqué le premier soir]:

Lendemain :
Grand beau temps ! Pipi dehors cette nuit, ciel clair milliards d'étoiles scintillantes, pics vertigineux, magique ! -30°C, grand maxi.
Ce matin, fait Très froid. Astex chante à tue-tête, Viclio grogne. Mes pompes ont tellement gelé que je dois les assouplir à coups de marteau pour les chausser (...)
Encore une journée extraordinaire !!!"

A relire ce journal bien au chaud avec une bonne tisane aujourd'hui, pas de doute, nous étions givrés.

.

'Tain, faut que j'y retourne!

En route pour une merveilleuse semaine de folie !
Quand j'ai vu cette statuette il y a quelques semaines au musée des Arts Premiers du Quai Branly, elle m'a immédiatement tapé dans l'œil. Une certaine empathie avec le sujet représenté, sans doute...

Bonne semaine à tous - et n'oubliez pas de coiffer votre plus bel entonnoir pour aller danser !

Ce matin, à ma fenêtre...

Quand j'écrivais en incipit du post précédent : "retour à la vie normale et aux usuelles photos de chatons prévu jeudi prochain", vous n'espériez tout de même pas que ce soit jeudi dernier, si ?

Non parce que j'ai eu un agenda un rien agité ces derniers temps.

Ce qui m'a permis, entre autres crépitements frénétiques :
* de fêter Nouillèle à la graisse d'oie vintage (Hop, ça c'est fait),
* d'enchainer sur la Chandeleur sans passer par la case Toussaint (réglé aussi),
* de mitrailler des lapins abyssaux dans le Périgord,
* de mitrailler des chatons aux aromates en Dordogne,
* de rater un déménagement (outch... ça s'est bien passé ?)
* de me commander une paire de Crocs de rando (c'est bientôt l'été) (hiiii, de nouveaux escarpins ! Ils sont trop bôôôôôô),
* de voir la saison 18 de Dr House,
* de battre le record du monde de shlyzgrüt départ arrêté,
* de commander un nouveau sac à dos (hiiii, un nouveau sac !)
* de tenter de me noyer dignement à la piscine,
* d'avoir des envies de démontage de plafond et de randonnées lointaines,
* de me renseigner un peu sur les raquettes à neige (hiiii, de nouveaux escarpins !)
* de baver d'envie devant les piolets (hiiii, de nouveaux heu... !)
* et enfin d'et caeterer avec entrain.

Mais pas de faire un post.
C'est dommage, vous avez raté tout un aréopage de chatons.

Bon, sinon ça va vous ?

[Posté in absentia - retour à la vie normale et aux usuelles photos de chatons prévu jeudi prochain, sauf contre-ordre indépendant de ma bonne, Mlle Volonté]

Je vous en parlais il y a un peu plus d’un an :
j’ai été enlevé par les extra-terrestres.

Plus précisément par des extra-terrestres aux multiples doigts, au sens du rythme incroyablement développé, et à l’ouïe hypertrophiée.
Il s’agit des membres du groupe de jazz manouche Jabaswing.
Depuis, je suis l’un d’eux.
Et en compagnie d’une violoniste virevoltante, d’un contrebassiste aux harmonies tutélaires, d’une paire de rythmicistes au swing bondissant entrainant nos deux solistes prestissimo, je souffle mes impros clarinettiques avec un seul but : (me) surprendre (ou me faire peur, c'est selon ).

En quatorze mois et un peu plus d’une vingtaine de concerts avec ces Jabaswingueurs d'outre jazz, nous avons joué sur des péniches, dans des guinguettes de bord de Marne, avons été invités dans des restaurants, avons retourné des bars, le public dansant sur les tables, remplis des estaminets joyeux et gays, joué pour des anniversaires, des mariages, des retraites, une fête de Pacs juive, des festivals très sérieux de théâtre devant un auditoire dont les yeux attentifs clignaient comme des hiboux, ou de jazz festifs sous chapiteau de cirque, en plein air à la bière ou au champagne, en Champagne comme à Amsterdam et même dans un manoir imaginaire…

Et ça continue !
Si jamais ça vous amuse, le prochain concert de Jabaswing, ce sera :

C’est un tremplin dont nous avons déjà passé le premier tour haut la main (peau d’lapin) en septembre, donc nous ne jouerons pas seuls. L’occaze pour vous mes lapinous de voir plein d’autres groupes sympa pour le même prix.

Il me reste quelques (rares) préventes (10€ au lieu de 12 sur place) - si vos oreilles frétillent et que vous êtes dans les parages, n’hésitez pas à me contacter ! (youdesalpages arobase gmail point com)
Dépêchez-vous, les préventes partent beaucoup plus vite que je ne l'aurais imaginé…

Et si vous ne pouviez pas venir ce soir là, nous jouerons en Gelbique le lendemain soir, à Liège, dans le cadre du festival Sucré Salé.

Un avant-goût de notre tournée mondiale, en quelque sorte !

Petit récit d'un crapahut décidé à l'arrache, avec Sieur Yonel ce w-e

Ma Belle partant aux champignons pour quelques jours, et me trouvant fort dépourvu, j'eus le choix ce wouickquhende entre :

- Partir à l'arrache deux jours en montagne.
OU
- Rester à la maison me f... partir à l'arrache deux jours en montagne. .

Choix cornélien en dyable, je ne pus bien entendu me résoudre à choisir sans faire part de mes doutes à Maitre Yonel, qui me répondit derechef : "ah ouais, ben ok".

C'est ainsi que vendredi soir, après un demi-concert furieux à l'Apérock avec mes guitaristes aux moults doigts de Jabaswing, je fonçais gare d'Austerlitz, y retrouvais Señor Yonel, et sautais dans le train de nuit direction les marmottes aux dents de sabre et les sommets acérés.

Météofrance, cette coquine pythie, prévoyait "Vaguement couvert en altitude, rares averses de neige - grand beau dimanche".

Soit.

Début de grimpette aisée ; c'est heureux, puisque l'un a une crève qu'il espère soigner avec un grand bol d'air, et l'autre n'a pas fait de sport depuis 12743 ans.

Nous croisons quelques dragons endormis, qui nous laissent passer, indifférents à ces deux nouilles avalant d'un coup 1900m de dénivelés, sous les tirs nourris des chasseurs présents en forêt ce jour-là.

Nous négligeons les perles écarlates que la nature nous offre sur de fongiques édredons,

Ainsi que les rubis pourpres qu'elle nous tend, par méconnaissance totale de tout ce qui n'est pas myrtille certifiée avec garantie et pédigrée, ou authentique fraise des bois reconnue par le Vatican :

(A votre avis, on a raté de magnifiques groseilles, ou un retour en hélico avec lavage d'estomac au Kärsher ?)

Puis, vers 16h et 2000m d'altutude, cornegidouille, le temps se brouille !

Brouillard, neige, caillante.

C'est à ce moment là que, pris d'une envie soudaine de méditer sur l'aspect transitoire des choses de ce monde à l'abri d'un gros rocher, je dis en substance à Sir Yonel : "Euh, le refuge est à 10 minutes, continues, je te rejoins"

Erreur. A peine ais-je le temps de vaquer à mes petites affaires et de relever la tête, que le paysage s'est fait la malle.

Grand Blanc.

D'autant que je m'avise vite que Saint Yonel, parti devant moi sans carte, n'a pas laissé les traces escomptées dans la neige vierge...

Nous mettrons une bonne demi-heure à nous retrouver dans le néant...

Dodo au refuge à 2600m, après quelques expériences chimico-culinaires à base de compote lyophilisée et de Perrier (Amusant, mais déconseillé)

Le lendemain, grand beau temps ! Il a neigé toute la nuit, le ciel est désormais bien dégagé, la température s'en ressent.
Devant le refuge, le thermomètre indique -17°C
Si si, moins dix-sept degrés.
Gargl.

Là on en pleurerait presque tellement c'est beau.
D'ailleurs j'exige d'y retourner immédiatement.

Je vous passe les andouilleries sur lac gelé,

ATTENTION, DERRIERE TOI, LE YETI !

Ou le coucou aux chamois qui rêvent de passer un w-e à Paris pour visiter le métro,

Un week-end, c'est court... avec une journée et demi de plus, nous aurions traversé le massif de part en part, serions passé taquiner bouquetins, repassant les cols blancs amidonnés de neige, jouant à saute mouton sur les pics...

Là, nous n'avons eu que le temps de border les marmottes et de leur faire un bisou sur le museau.

Chuuut, elles dorment...

Eh, dites, y'en a que ça tenterait un raid hivernal dans le coin ?

Bonjour,

Vous êtes bien sur le répondeur du You des Alpages.
Je ne suis pas disponible pour le moment, mais n'hésitez pas à me laisser un message, et je vous rappellerai dès que possible.

Merci !

(Biiiip )

Quêtant conseil auprès de quelques amis débrouillés sur du matériel photo (je cherche à limiter ma profondeur de champ avec un appareil le plus compact possible - haha), j'eus la joie de recevoir la réponse suivante :

"N'oublie pas que si le photographe est mauvais, les photos seront mauvaises quelque soit l'appareil..."

Heureusement que cette remarque m'a été faite par quelqu'un dont je connais le manque total de diplomatie, ayant en outre l'excuse d'être un rien sous pression en ce moment, sinon j'aurais pu me vexer.

Bon, ok, ça fait dix jours, et ça m'a vexé.

Pourtant, je fais des effort ! Pour mon apprentissage, je tente même des clichés urbains !

Je photographie des photographes :

Sous tous les angles pour bien comprendre comment ils font :

Je soigne mes sujets en photographiant des vieux (c'est émouvant, les vieux - et Perceval nous dit que c'est hyper-mystérieux, surtout de dos) :

Ou des lions, pris au péril de ma vie dans la terrible jungle urbaine du Mont-Dore !

Las ! Si les sujets ne manquent point, la technique, elle, fait défaut : j'ai l'impression de m'attaquer à des moulins à vent...

(En l'espèce des éoliennes picardes kromeugnones)

Bref, c'est pas gagné.

Comme l'a dit le grand sage : "Tu seras digne de contrôler ton bokeh le jour où tu sauras faire un cadrage, petit bousier".

M'en fous, je continuerai quand même, grmbl.

Grand jeu de la rentrée : le premier d'entre vous qui chope la grippe cochonne du coq-ovin qui tousse paye sa tournée !

[NB : Ici devait se trouver une illustration de toute beauté, constituée d'un assemblage époustouflant de gravures anciennes, assemblage qui aurait fait naître sous vos zyeux d'enfants une chimère légendaire mi-cochon, mi-coq, mi-mouton et mi-molette.
Ledit animal devait tenir une choppe dans l'une de ses pattes, un masque dans l'autre, avec l'air de porter un toast.

Idée géniale supposant des heures d'archéologie dans mes archives afin de trouver les gravures adéquates, les scanner, les imprimer, les découper, les coller, se louper, les redimensionner, re-scanner le résultat et nettoyer la colle de la vitre du scanner.
Mais ne disposant pas d'excuse valable, je dirais simplement que c'était vraiment trop chiant à faire]

[A la place, vous pouvez toujours chercher le diplodocus qui se prélassait langoureusement dans cette haute forêt primaire des Highlands cet été.]

Ecosse - quelque part sur l'Ile de Skye - Beau temps : les ptérodactyles volaient bas.

(Ah. Ça se sent que j'ai encore la crève ?)

Mesdames, mesdemoiselles, messieurs,

Suite à vos demandes, je ne veux vous décevoir.
C'est donc avec émoi que je vous dévoile ici la quintessence de mes vacances paradisiaques (à poil) :
- La mer, la plage, le soleil (pour contextualiser dans la volupté)
- Des poissons (nus, pour l'érotisme torride)
- Des "animaux qu'on sait pas où est l'avant ni où est l'arrière" (sous le coup de l'émotion lascive)
- Un (tout petit) triangle de fourrure (en guise de chapka estivale coquine)
- ET une mouette en dessert (à défaut de cliché d'os de mouton).

Le tout sous la forme la plus émouvante qui soit : une affolante sirène sortant du bain.
Ici masquée pour ne point choquer les âmes ânes chastes.
Car entièrement nue.
Argh.

Et vive les contrées où le port d'un costume de bain est facultatif !
Oui, cette photo est cliquable, bande de pervers

PS : Aux lecteurs dévoyés débarquant ici depuis l'interview de Bambiii pour le Festiblog
FUYEZ, PAUVRES FOUS ! Vous ne trouverez en ces lieux que stupre, photos de poissons lascifs escaladant les montagnes, et os de moutons !
(Et accessoirement, rapportez moi une tranchounette de Beaufort ou un rebloch' fermier si jamais vous repassez dans le coin. Vous seriez bien aimables, merci.)

Passeport : check
Palmes : check
Masque : check
Tubas : check
Piolet : check. Ah, tiens, non
Crampons : che... ah merde, non plus
Caleçon de bain : check
Appareil photo : check itou
Moufles : ... rhâââ pt'ain, toujours pas !

Sac bouclé en 10 minutes chrono (*).
Vous êtes perspicaces : effectivement, nous ne partons pas dresser les manchots sur la base Dumont d'Urville (Enfin, pas encore).
Mais nous partons tout de même.
Eh oui, encore.
Et j'ajoute : mouaaahahahahaa !

A la semaine prochaine !

(*) Reste même de la place pour les crampons et une doudoune d'alpi... je me demande si en les tassant discrètement au fond du sac je n'aurais pas moyen de leur faire prendre un peu l'air tout de même...

Vu dans une vitrine du 15ème. Classe et distinction d'un marketing bien pensé :

A sec... Et avec le sourire !

Ex. : "Depuis qu'il mettait ses clients à sec, le concurrent de Gervaise se faisait des couilles en or" (E. Zola, in l'Assomoir)

.

Bon, ne pouvant décidément pas vous abandonner sur une telle infâmie, je vous laisse en compagnie d'un lion de mer du zoo d'Edinburgh.

Non, de rien, ça lui fait plaisir à lui aussi...

Quelques perfides ont trouvé mes clichés des Hautes Terres sombres, tristes, déprimants et fades.
Comme si nous n'avions vu que ce genre de paysage :

Alors que l'Ecosse, c'est aussi des tons doux et chauds comme une brise de printemps, des harmonies de couleurs nacrées qui vous font des bisous dans le cou, de chatoyantes pétillances chromatiques pleine d'une coquine pétulance, de petites taches de lumière dansant dans les frais rayons du soleil matutinal

Bref, des trucs comme ça :

Ha haaaa, on fait moins les malins maintenant, avec les zyeux fondus au fond des orbites !

[Petite pause dans la projection de diapos, j'en vois qui ronflent dans le fond...]

Voici un Aïku du matin, tapis au fond de ma boite à spam...

Nous venons - est acheté - est utilisé.
Et la femme dans le ravissement...
(Une grande boite - une grande reduction.)

Trois lignes denses et militantes de poésie orientale...

Analysons-les :
1.

Nous venons - est acheté - est utilisé.

Terrible réflexion désabusée sur la marchandisation du monde et de l'homme, réifié.
Notre destin est scellé en trois phrases, le "nous" disparait dès "l'achat", l'individu n'existe plus, il n'est plus qu'une chose innomée que le système utilise puis jette.

2.

Et la femme dans le ravissement...

Envolée éthérée - une femme échappe au carcan du réel en une extase mystique, un abandon orgasmique - nous sommes humains, au dessus des lois iniques du mercantilisme. Cette femme, c'est l'affirmation de notre totale liberté !

3.

(Une grande boite - une grande reduction.)

Condamnation sans appel de notre possible aliénation : vouloir posséder plus, c'est se déposséder de soi-même. Céder aux sirènes de la Grande Boite, c'est s'y enfermer - les parenthèses renforcent la métaphore.
D'ailleurs qu'est-ce que cette "grande boite", si ce n'est le cercueil, symbole de la mort, réduction ultime ?

Bref, un très joli carpe diem en forme d'haïku militant.

Qu'il est doux de recevoir, de temps en temps, un haïku hédoniste dans sa boite à spam !

[PS : J'ai oublié de vous donner le titre du poème et le nom de son auteur !
Il s'agit du spam #87 intitulé "Le sexe l'effet-garantie 100 %", par le grand auteur japonais Sexpilules]

Trì : Pourquoi je ne posterai pas ici de photos d'Ecosse, la suite.

1. Parce que ce petit coin de nature (Glenn Affric) est l'endroit idéal pour passer des vacances d'été fun flashy méga délire. Et que je ne voudrais surtout pas vous rendre jaloux de la météo exxxtraordinaire qui nous a grillé les rétines neurones dans les Highlands.

Glen Affric, c'est chic !
Ce riant petit coin de nature est l'endroit idéal pour se perdre dans un marécage spongieux pendant des heures, à la recherche d'un gué illusoire sur une rivière en crue qui ne nous laissera finalement pas passer à pieds secs.
Ce n'est qu'après une interminable errance dans la lande désolée, trempés comme des soupes par un crachin tenace qu'on a fini par traverser, de l'eau jusqu'aux genoux.
Comme quoi il suffit d'être patient, on finira toujours par craquer et passer à pieds mouillés.

2. Parce que, tout bien considéré, les paysages de la côte ouest entre Carlisle et Durness sont assez médiocres - autant vous épargner ça :

Un coin chaud dans la patrie de Robert Burns, quelque part entre St Balloch et Maybole (où l'on peut admirer les impressionnantes exhibitions du Dick Institute)

Ou ça :

Péninsule d'Ardnamurchan (A vos souhaits) - le night-club est 3000km plus au sud.

Ou encore ça :

Ile de Skye : un tas de caillasses pompeusement baptisé "Auld Man of Stoer", des paysages fadasses, des lochs mouillés, et son vieux picrate local qui décape (le Talisker, whisky dont les indigènes vendent hors de prix des bouteilles périmées depuis parfois plus de 30 ans. Argh.)

Non vraiment, n'y allez pas, ça ne vaut pas le coup :

Durness - Un pub, un petit camping truffé de lapins en bord de falaise, quelques mouettes ; pas de Club Mickey sur la plage. Désespérant.

En résumé, l'Ecosse, ça pulse à donf.

[La suite suit !...]

Dhà (ou "sia", juste pour Djib) : Pourquoi je ne posterai pas ici de photos d'Ecosse

Parce qu'avec la Taupinette nous avons photographié et compulsivement collecté des os de lapin dans les dunes d'Achmelvich toute une après midi durant.
Et qu'on va encore nous prendre pour une paire de dangereux maniaques.

Parce que personne ne va croire qu'une carcasse de crabe desséché drossée sur la plage puisse me faire songer au Père Noël (alors qu'à bien des égards, si.)

Parce qu'enfin se mettre à plat-ventre sur le sable, vers le levant, des heures durant, psalmodiant des mélopées impies ("Haï, Haï ! Çacâille, houlakçacaille - Ah-Atchoûûm !") pour photographier des Larves Amorphes de Tsathoggua, des Shoggoths ou plus simplement quelque Vagabon Dimensionnel dénote pour beaucoup un esprit curieux bizarre.

Mais n'allez pas croire que notre périple gaélique s'est limité à se faire poursuivre par des moutons et à coller le nez sur le sable : nous avons aussi vu le ciel, parfois.

Enfin, plus que certains.

Au prochain épisode, nous lèverons un peu le nez, ça vaut le coup...

Aon : Pourquoi je ne posterai pas ici de photos d'Ecosse

Parce qu'une sur deux est une photo de brebis, et qu'on va encore me prendre pour un dangereux maniaque.
...
Bon, ok, j'assume.

Les brebis, il y en a partout en Ecosse.

Des cornues, des tondues,

Des punk avec des mêches vertes ou rouges,

Gros flocons camouflés dans les bruyères,

Ou échevelées par le vent...

Elles squattent les champs, les landes, les bords de route, les routes, vos genoux...

On apprend vite à repérer la brebis isolée au bord de la single track road : son petit nogniaux kromeugnon de sa race maudite est nécessairement caché dans le fossé de l'autre côté de la route et n'attend qu'une chose : que vous soyez assez près pour sauter sous vos roues et rejoindre sa môman.

Frayeur garantie.

Un principe de base en Ecosse : les nogniaux passent, les freins trépassent.

Et curieusement, à part le haggis (sorte de vengeance barbare mesquine mais délicieuse), impossible de trouver quoi que ce soit d'un tant soit peu ovin dans les plats locaux. Ni côtelette, ni gigot.

A croire que les écossais considèrent le mouton comme un membre de la famille : un cousin crétin, envahissant, mais non comestible...

Quant à moi, j'adore cet animal.
La preuve : j'en ai trois crânes dans ma bibliothèque.

[Suite au prochain numéro...]

(Rentrés des Highlands, crochet via l'Auvergne, mais chut ! ne dites rien à personne, ou on va encore me demander de poster des photos)

La Taupinette et moi vous laissons à la lourde canicule qui sourd, et suivons le frais appel des moutons et de leurs bagpipes ; nous partons livrer bataille aux féroces midges dans les vertes collines de Mandchourie des Highlands.

Nous y chasserons le haggis sauvage et le féroce fish-and-chips des lochs brumeux, abreuvés de scottish Glen-Gairloch fumé à la tourbe. Et prendrons deux-milles-huit-cents-cinquante-trois clichés de cairns balayés par la pluie.

Gros bisous à tous, et spécialement à ma Môman !
You

Bureau - havre de paix - 30°, liquéfaction.
Fenêtres ouvertes et persiennes closes.
A peine un souffle de vent chaud, pas un bruit hors le feulement des ordinateurs en surchauffe... stase.

Pour parfaire ce moment de grâce, je déguste une playlist digne des meilleurs Bordeaux, en fin connaisseur : dans mon casque, Chavela Vargas danse la valse avec Manowar...

Et qu'on ne me dise pas que mon éclectisme permanente frise l'incohérence :
J'affirme qu'il y a dans ces artistes légendaires une parenté indéniable.
Ne serait-ce que par la conviction sans faille du chant.

Et par les soins capillaires, aussi, un peu.

-

La citation du jour, signée Astex :

"Michael Jackson ?
Son attaché de presse annonce qu'il n'annulera pas son concert de juillet à Londres."

Huhu.

[EDIT]
Citation 2, le retour, signée Viclio :
"Accessoirement, ça fait de Michaël Jackson le fossoyeur involontaire de la presque-révolution iranienne.
Vu qu'on ne va parler que de ça pendant au moins une semaine, on va moins parler de l'Iran, et ce mouvement je crois dépend beaucoup de son retentissement à l'étranger..."

Argh, pas faux.

[EDIT, suite]
Citation 3, la vengeance, signée NicMo :
" M. Jackson est mort. C'est le coeur qui a lâché. Pas les coutures. Etonnant, non ?"

Je vous avais parlé en avril dernier des ignobles pépins de carbure de silex pastèque rouges "Hạt Dưa".
Dans un commentaire, Chrys m'avait suggéré d'en faire un collier.
Je l'ai prise au mot.

Phase 1 : percement des 14632 graines à la Dremel.
Matériel nécessaire : 122 mèches tungstène à pointe diamantée, 4 Dremels "Turbo Pro" à triple compresseur hélicoïdal pneumatique, un groupe électrogène 800Ch, refroidissement des mèches à l'azote liquide. Et un pot industriel de 10 litres de crème anti-inflammatoire pour les mains.

Phase 2 :
Bonne fête môman.

Trente cinq ans de patience pour atteindre la maturité et la sagesse, et être enfin prêt pour le Grand Œuvre : le véritable Collier de Nouilles.

Tiens, j'en suis tellement fier que pour une fois je signe mes photos.

(Non, rien.)

E-mail authentique reçu il y a peu, reproduit in-extenso :

Salut l'homme solitaire!!!!!
Peut lave la lettre a toi se montrera etrange, en geignant voyait ton profil et il se m'est montre tres interessant. Je tres attentivement l'ai etudie et s'est decidee de t'ecrire. Je veux t'avouer que non quand plus tot ne faisait pas connaissance selon Internet puisque je passe tres peu du temps dans Internet et pour l'element non familier en froissant cela entierement. Je ne peux pas trouver il y a bien longtemps a moi-meme le vrai homme et l'ami et comme j'ai compris que tu es entierement solitaire aussi. J'espere beaucoup que que tu te m'interesseras aussi et pourra me re-pondre sur lave la lettre.

Puisque je passe tres peu le temps dans Internet moi veut te demander pour que tu m'aies ecrit sur l'adresse et maintenant je veux donner l'information necessaire pour cela que tu as pu m'ecrire: ekatrukocskaïa@machinski.ru

Avec l'impatience j'attends ta lettre
Ekaterina.

Ma très chère Ekaterina,
Etrange, votre missive l'est sans aucun doute, et ce n'est pas sans intérêt que je l'ai maintes fois lue et relue.
Je ne sais comment mon profil altier a pu attirer votre attention, n'étant enclin à me laisser photographier que de face. Mais si votre intérêt patent me flatte, je vous seaurais néanmoins gré de ne point geindre sur mon profil en public, c'est extrêmement gênant.

Quitte à décevoir vos attentes, oserais-je aussi vous avouer que, contrairement à ce que vous semblez croire, ma méconnaissance du nettoyage de courriel est abyssale, et que j'ignore tout de l'usage du lave-lettre ?
L'occidental décadent est parfois bien barbare.

Les arcanes de la stéganographie et de la cryptographie m'étant malheureusement aussi étrangères que les techniques de pêche au boson de Higgs en eau tourbeuse, je ne suis pas certain d'avoir bien saisi l'essence de votre pensée lorsque vous écrivez "je passe tres peu du temps dans Internet et pour l'element non familier en froissant cela entierement".
Dois-je comprendre qu'à trop se rouler dans les champs cybernétiques l'on risque de froisser ses vêtements ? Qu'il n'existe point de fer à repasser pour lisser la Toile ? Quel est votre message ? Fruste, vous me laissez mademoiselle dans la plus profonde confusion.

Enfin, nonobstant vos supputations hardies quant à ma supposée déréliction, il est de mon devoir de vous détromper : je ne suis point solitaire, m'étant même pacsé la semaine dernière avec la femme que j'aime - ce qui rendra j'en suis sûr caduque votre proposition lestement coquine de vous " re-pondre sur lave la lettre".
En bref, notre amour est impossible et je ne suis point celui que vous cherchez - l'univers nous joue parfois des tours cruels...

Bien cordialement,
Le You

J'espère avoir été ferme sans être blessant, la pauvre...
Bon, maintenant passons aux choses sérieuses : répondre à la fille de Bernard Madoff, qui gère les fonds de son père en Côte d’Ivoire et a absolument besoin de mes services discrets pour en exfiltrer quelques $650M sur un compte aux Caïmans au bénéfice d'une pauvre petite colombienne amputée des deux bras suite à une morsure de gavial dans le métro.

Et maintenant, le grand jeu du Prince Charmant
ou
Où est Charly ?*

(* Naaaaannn, pas là !)

En ces temps de crise cochonne de la tremblante du poulet fou, il est temps de prendre des mesures énergiques.
Je pars très temporairement me mettre au vert en milieu rural.

Bon grouïk-end bande de gens !

Je viens tout juste de tester pour vous les pépins de pastèque séchés (Hạt Dưa), importés du Vietnam à grands frais par Tang Frères.

Couleur : Joli haricot rouge, très appétissant
Parfum : Sciure de bois
Texture : Dure, fibreux, casse dents
Goût : Pisse de buffle.

Mon conseil : Allez-y en confiance, c'est excellent pour la santé de l'exportateur.
(Et en plus ça laisse des miettes sur les vitres de scanner)

Je suis un psychomaniaque du portage en randonnée.
Littéralement fasciné par les sacs à dos depuis des années, j'en possède de tous types et de tous litrages, du petit E.D.C. urbain bien organisé au mastodonte d'expé de 80 litres, du sac en nylon siliconé arachnéen de 200g au char d'assaut de plusieurs kilos à vide.
Des sacs de rando, des sacs typés montagne, des sacs d'escalade, des sacs "muls" minimalistes... Si j'ai réussi à me débarrasser de certains, totalement inutiles, trop gros, trop lourds , redondants, chaque année je finis par craquer pour une nouveauté "révolutionnaire".

C'est ma Queste del Sanct Graal personnelle. Comme si Joseph d'Arimatie avait passé sa vie à chercher LE contenant idéal pour transporter le sang du christ avec un cahier des charges de plus en plus pointu.

"Alors, m'faut un graal, bien solide, fermé pour pas m'en foutre partout, qui ne fuie pas. Et isotherme sinon je vais me retrouver avec un bloc de boudin après deux jours en plein désert. Avec un bon grip pour pas qu'il ne glisse, et avec des poignées, mais repliables pour que ça reste compact dans la musette. D'une couleur plutôt passe-partout pour pas qu'on me le pique... ou alors bien flashy, visible de loin par les foules ? Genre en métal doré ?
Faudrait pas qu'il soit trop gros, vais pas lui pomper des litres, à Jésus. Ou alors si ? Ça a combien de litres de sang, un fils de Dieu ? A la limite je prends deux graals de deux litrages différents, j'aviserai sur place... L'idéal ce serait un graal en peau de chèvre, souple, roulable à vide... et avec des bretelles, tiens ! Et une poche pour mes clefs…"

Bref, hier soir, je suis (encore) rentré à la maison avec Nième un sac à dos. Un spécimen rare.
Acheté dans un surplus militaire.
Un modèle outrageusement guerrier, nommé "Delta" quelque chose, au design "forces spéciales" très appuyé. Et d'une couleur, heu... sans équivoque.
Un vert martial, connu de tout baroudeur barbouzard sous le doux nom d'"O.D.", Olive Drab.
Teinte on ne peut plus soldatesque, archétypique, caricaturale, sentant la poudre à canon à des kilomètres.
Me manquait plus qu’une AK47 en porte-clefs pour parfaire le tableau.
Le sac est très bien ; la couleur est lourdement infâmante.

Bref, j’avais un peu honte en le rapportant à la maison.

C’est alors que la femme de mes jours et de mes nuits, ouvrant la porte hier soir, m'a trouvé à quatre pattes dans le salon, jouant avec le chat, mon sac vert très très militaire encore vissé sur le dos.
Son commentaire : « Oh, le joli vert… il est presque mordoré ! »

Toute honte s’est évaporée d’un coup.
Une telle femme, comment ne pas en être profondément amoureux ?

-
[Eh, dites : à la demande d'Eugène et Rhââl, une photo]

Chaton de combat camouflé en sac à dos

Houlààà, pas de post ici depuis deux semaines, avec tout ce que j'aurais à vous raconter ? Tsss, ya du laisser-aller ici.

Bon, pour commencer, ça sent le renfermé ici.
On va commencer par ouvrir la fenêtre un grand coup et aérer un peu.

Hop.

Bon, venons-en au titre alléchant de ce post :

Superman L4-L5

Visant toujours l'excellence, il m'est apparu vital d'entretenir cette musculature en carbure de tungstène qui, alliée à une morphologie statuaire d'athlète grec en majesté s'accorde si bien avec la finesse d'esprit qui me caractérise et fait trembler d'un désir frétillant et humide mes admiratrices (et teurs) transis dans le monde entier depuis des décennies.
Ou, plus prosaïquement : si je ne veux pas terminer le dos en vrac et les vertèbres L4-L5 en poudre d'ici deux semaines, j'ai intérêt à bouger mes petites fesses hors de mon siège à roulettes et me refaire des abdos fissa, sinon j'en aurais pour des mois de kiné.

Bref, S.O.S. Lombaires en Péril, mission de sauvetage d'urgence "Abdos pour mon dos" enclenchée.

Pour ce faire, je me suis tourné vers le top de la crème des méthodes de remise en forme.
Après étude de marché, j'ai opté pour un bouquin trrrééès progressif, bien illustré, avec des dessins rassurants d'un type qui fait tous ses exercices tranquilou chez lui avec deux chaises et un coin de porte.
Parfait, aucune envie de sortir de chez moi pour me rendre ridicule à suer sur une machine.
Et pas la peine de se faire mal non plus, j'ai décidé d'y aller pro-gres-si-ve-ment.

Incidemment, l'écrasante majorité des témoignages qui me fut donné de lire sur cet étonnant ouvrage le donnait comme sésame magique vers le surdéveloppement magique d'un physique digne de Superman. Photos suspectes à l'appui.
Baste, m'en cogne, il n'est point dans mes intentions de m'Hulkifier. Mais si la méthode marche, tant mieux.

En revanche, cette méthode suppose de suivre ses progrès jour après jour, histoire de s'auto-motiver. Ce que j'ai fait.

JOUR 1, au saut du lit :
Petites séries douces de trucs et de machins faciles, bien cadrés, sans forcer, juste pour s'auto-évaluer. Quelques pseudo-pompes sur un dossier de chaise, un certain nombre (entre "peu" et "pas bézef") d'abdos trèèès légers, du classique, light.
Pas fou, je décide après deux minutes de contorsions sur le tapis du salon de me contenter d'un demi programme.
Mollo le premier jour. De plus j'augmente fortement ma marge de progression, ce qui renforcera ma motivation ultérieure (quoi "feignasse" ?).
Enfin j'écourte la fin de séance : élastique comme une plaque en fonte, inutile de forcer sur les assouplissements.
Hop, content, j'ai fait du sport.
10 minutes.

JOUR 2, au tombé du lit :
Miracle ! Allélouia ! Hosanna ! C'est absolument incroyable, les témoignages disaient vrai !
En une seule séance, me voici métamorphosé !
Il n'a suffit que de quelques mouvement pour faire de moi le nouveau Superman.

Enfin... Christopher Reeves.
J'ai tellement mal partout que je ne peux plus bouger un orteil.

Retour au fauteuil à roulettes, vais attendre un peu avant de refaire un essai moi...

Ouille.
(Andouille. M'apprendra à acheter une méthode de musculation recommandée par la fédération française de Kung-Fu...)

Marcher sur de la glace est un spectacle permanent. Un catalogue complet des chorégraphies ridicules.

On y rencontre des danseurs de claquettes,
qui jouent des castagnettes avec les dents :

Des danseurs de passo-doble - le pas de deux subtil consistant à rester debout en toutes circonstances (ou au moins à éviter le plongeon dans l'eau libre)

Des fadas du fox-trot, toujours prêts à amuser la gallerie au son mélodieux de la glace qui cède sous leurs entrechats (krrrrr... krrrrrrrr... krâÂÂC-PLOUF !):

Des amateurs de danses plus populaires, friands de queue-leu-leu de fin de soirée :

De virtuoses dandys glissant sur le parquet ciré :

Et des fondus de rock acrobatique !

Bien entendu, le plus dur n'est pas de danser - ça vient tout seul, bon gré mal gré.
Non, le plus dur, c'est de trouver le ou la partenaire à votre mesure. L'être qui saura vous faire tourner le tête, virevolter en gigues en guinches, de valses en mazurkas !

Et là, ce n'est plus le talent qui joue, mais la chance...

Aglaoüntzh !

Que de questions pertinentes suite au dernier billet !
Je suis tout ébouriffé d'avoir un lectorat aussi attentif. Et réactif.
Surtout sur un sujet pareil.
Commenter une rédaction dont le sujet est "Racontez vos vacances"... non mais vous n'avez vraiment rien d'autre à foutre ?

Seigneur... Bon, puisqu'on n'a que les lecteurs que l'on mérite (ah elle est belle, la France qui se lève tôt pour gagner ses Rolex à la sueur du front des travailleurs, tsss), je m'en vais de ce pas répondre à quelques unes de vos remarques les plus brulantes.

Pour commencer, à celle de Drenka qui me dit à propos de lutte contre la caillante :
- "Dans ces cas la, on dit toujours qu'il faut tuer un poney, lui ouvrir le ventre, et se rouler dans ses intestins."

Pourquoi pas.
Je l'ai vu faire avec un chameau par un maniaque. (La vidéo est visible ici. Aussi gerboïde qu'instructive sur ce qu'il faut faire pour se chopper stupidement un septicémie et mourrir étouffé DANS un camélidé innocent)

Mais là, comment dire... Déjà à la différence du chameau ci-dessus, non seulement les poneys du Zanskar sont (très) vivants, mais en plus ils sont cornus, portent de gros piercings, des tentacules sous le menton, et ont un regard un tantinet intimidant.
De plus, ils ne laissent jamais le passage dans les chemins étroits.

Vous comprendrez donc que plutôt que de l'éventrer sauvagement avec mon opinel et me rouler dans ses tripes encore fumantes en hurlant "Raaahaaaannn", j'ai préféré plus sagement remettre un pull.

.
(La suite glacée au prochain numéro.)

- Alors, c'était comment ?
- Frais.

Frais ?
Oui, frais. Frais comme dans "Houla, fait point chaud hein, pfiou !"

Frais comme quand la "salle de bain" de la guest house dans laquelle on dort les premiers jours ne permet pas d'avoir de l'eau libre. Et qu'on doit casser la glace se formant dans le seau. Et virer les morses des toilettes.

Frais comme quand les vitres de la chambre sont couvertes d'une épaisse couche de givre au réveil.

Frais comme quand on hésite à se laver les cheveux de peur qu'ils ne congèlent et cassent.

Frais comme quand, en trek, le thermomètre placé à l'extérieur de la tente claque le premier soir.

Frais comme quand les cils se couvrent de mascara blanc, la barbe cristallise, et que l'on doit faire tomber d'épais stalactites qui encombrent sa moustache.

Frais comme quand on apprend à absolument tout faire avec des moufles. Tout. Prendre des photos, faire ses lacets ou lire un bouquin.

Frais comme quand le premier thé du matin gèle dans sa tasse pendant qu'on roule son duvet ; frais comme quand après deux minutes sans moufles, on réchauffe ses mains directement dans la flamme vive du feu pour les ranimer...

Frais comme quand on passe ses vacances dans un congélateur géant.

Bref, vivifiant.

La suite dès que j'aurais décongelé mes deux mille photos...

Zanskar/Chadar gelé : J-4, départ imminent.
Samedi je m'envole vers les pentes glacées de l'Himalaya, marcher trois semaines sur une rivière gelée perchée à 3500m d'altitude.
J'en ai déjà parlé ici.
(D'ailleurs je ne parle que de mes vacances)

Mon sac est prêt.
Ok, il est prêt depuis des semaines.

Il y a des geeks pour tout : je suis un digne représentant de la classe des geeks de la randonnée.

Côté matos
Sac à dos robuste et léger, choisi entre 10 (qui vont gentiment attendre mon retour à la cave), sacs étanches, moufles très spécifiques, bonnets (oui, "bonnet" prend un "s" au pluriel, surtout quand ils sont plusieurs sur la même tête), polaires à poils longs, duvets au gonflant douillet, futal coupe-vent, gilet en duvet d'oie du Périgord, et foie gras (car je me suis bien nourri ces dernières semaines, histoire de tenir le froid).
Tous les éléments de mon paquetage ont été pesés, comparés, choisis avec le plus grand soin.

Tout.

Jusqu’à la texture de mon papier toilette.
Papier toilette bio, solide et inflammable aisément pour ne pas laisser d'infamantes fleurs de PQ dans la montagne. Feuilles comptées, enroulées serrées sans rouleau (gain de place) dans un sac congel, accompagné d’un firesteel et d’un micro flacon d’alcool en gel.
Et d’une flute irlandaise de 30g.
Ce qui me permet d’avoir sous la main :
- Un allume-feu de première catégorie (PQ+Alcool+étincelles)
- Un contenant souple, léger, étanche et transparent pour rapporter des trucs (le sac congel)
- Une trousse de désinfection, un pansement de fortune
- Un élément de signalisation nocturne (étincelles du firesteel)
- Une flute irlandaise.
Comme ça, si une nuit je me perds dans le noir par -30°C en allant faire mes besoins hors de la grotte, et que je me gaufre sur un rocher glissant, je peux allumer un petit feu de PQ, me signaler, boire dans le sac, me désinfecter sommairement, jouer de la flute en attendant les secours, et, très accessoirement, me torcher proprement.

C’est très étudié, non ?

Ne manquent plus qu’une dizaine de torches, une épée longue, une potion d’invisibilité et 20m de corde, et je peux partir sereinement à l’aventure.

Côté théorie
Ces derniers soirs j’ai engrangé une quantité phénoménale de connaissances sur :
- le froid, sa vie, son œuvre, philosophie et physiologie de la caillante,
- la glaciologie comparée (Craquera ? Craquera pas ? Et si on danse ?)
- les textiles naturels et synthétiques (laine toujours humide vs polaire inflammable)
- leur tenue à l'humidité, au gel, à l'abrasion, leurs capacités de séchage en cas de plongeon dans l'eau glacée,
- les techniques de réchauffement rapide en cas de plongeon dans une eau à 0°, Th extérieure de -20°, avec du vent (se mettre immédiatement à poil, s'isoler du vent, faire 50 pompes, s'habiller de sec, refaire 50 pompes, se frotter vigoureusement en poussant de grands jurons à faire trembler la montagne, avaler un litre d'huile bouillante, tenter d'allumer un feu si possible en faisant des pompes, faire un 100m, avaler un cheval. Le tout en même temps. Puis se glisser dans 3 duvets, et continuer à faire des pompes)
Et j'en passe.

On verra bien ce que ça donne en pratique.

Côté météo
Manifestement, je vais aussi devoir prendre un slip de bain en peau de morse et réviser mon crawl, les dernières infos de notre contact au Zanskar n'incitant pas à l'optimisme quant à la qualité ni à la robustesse de la glace du Chadar. Les températures sont à peine négatives en journée et peinent à descendre à -20°C la nuit. Grosses chutes de neige.
Un hiver doux, quoi.

En bref, le mois de vacances qui commence samedi s'annonce passionnant.

J'ai hâte !